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19 février 2019

Déclaration précédant la Rencontre sur la Protection des Mineurs à Rome UISG / USG

 

L’abus des enfants est un mal partout et en tout temps : ce point n’est pas négociable

Au début de cette rencontre sur la tutelle et la protection des mineurs, nous, Supérieurs Majeurs des Ordres et des Congrégations religieuses du monde entier, nous nous unissons pour soutenir cette initiative du Pape François.

Dans notre activité, en tant que religieux, nous rencontrons beaucoup de situations où les enfants sont abusés, oubliés, maltraités, non désirés. Nous sommes confrontés à l’existence des enfants soldats ; à la traite des mineurs ; à l’abus sexuel de mineurs ; à l’abus physique et émotionnel des mineurs. Ils nous appellent à l’aide. En tant qu’adultes, chrétiens et religieux, nous voulons nous engager afin que leurs vies puissent changer et que les situations où ils grandissent puissent s’améliorer.

La question commune à tous ces problèmes est la vulnérabilité. Les enfants sont les plus vulnérables à l’intérieur de nos sociétés. Les enfants pauvres, handicapés ou indigents, ou qui vivent en marge, appartenant à des classes sociales ou à castes inférieures, peuvent avoir une vulnérabilité particulière. Ils sont considérés comme des objets dont on peut user et abuser.

L’abus sexuel dans l’Eglise

Cette rencontre particulière met l’accent sur l’abus sexuel des enfants et l’abus de pouvoir et de conscience de la part de ceux qui ont autorité dans l’Eglise, évêques, prêtres et religieux spécialement. C’est une histoire qui s’étend sur des décennies ; une histoire qui renferme l’immense douleur de ceux et celles qui ont subi l’abus.

Nous baissons la tête à cause de la honte quand nous réalisons que de tels abus ont eu lieu à l’intérieur de nos Congrégations, de nos Ordres et dans l’Eglise. Nous avons appris que ceux et celles qui abusent, cachent leurs actions délibérément et sont des manipulateurs et manipulatrices. Par définition, c’est difficile de découvrir ces abus. Notre honte est accrue parce que nous ne nous sommes pas aperçus de ce qui était en train de se passer. Quand nous regardons les Provinces et les Régions de nos Ordres et de nos Congrégations dans le monde entier, nous reconnaissons que la réponse de ceux et celles qui ont un rôle d’autorité n’a pas été celle qui aurait dû être. Ils n’ont pas reconnu les signaux d’alarme ou ils ne les ont pas pris sérieusement en considération.

Nos espoirs pour cette rencontre

Notre espoir, pour cette rencontre, est que l’Esprit Saint oeuvre avec toute sa puissance pendant ces trois jours. Une rencontre de trois jours c’est un temps bref. Toutefois nous croyons qu’avec les vents du changement qui soufflent sur notre Eglise et avec la bonne volonté de la part de tous, qu’on pourra mettre en route des processus importants et des structures de rendre compte responsable, et que ceux déjà existants seront renforcés. On peut envisager de nouveaux pas en avant et des prises de décision dont la mise en oeuvre peut avoir lieu de manière rapide et universelle dans le juste respect des diverses cultures. L’abus des enfants est un mal partout et en tout temps : ce point n’est pas négociable.

Le Saint Père

La direction donnée par le Saint Père est la clef. Il a montré la voie à suivre dans beaucoup de ces domaines ; il a reconnu la douleur et la faute ; il a rencontré les survivants ; il a reconnu ses propres erreurs et le besoin d’apprendre des survivants. Nous nous unissons à Lui dans sa mission de reconnaître humblement et de confesser les erreurs faites ; afin de soutenir les survivants ; d’apprendre d’eux la manière d’accompagner celles et ceux qui ont été abusés et comment ils désirent que nous écoutions leurs histoires.

Pour ce qui nous concerne, nous nous engageons à faire tout ce qui est possible pour mieux écouter les survivants, en reconnaissant humblement que cela n’a pas toujours était le cas. Nous ferons ce qui sera décidé lors de cette rencontre, en termes de rendre compte requis à ceux et celles qui ont un rôle d’autorité.

Une culture de la Protection

Nous avons besoin d’une culture différente dans l’Eglise et plus largement dans notre société. Nous avons besoin d’une culture à l’intérieur de laquelle les enfants soient appréciés et où leur protection soit promue.

  • Education et assistance sanitaire : au moyen des écoles et des hôpitaux que plusieurs d’entre nous gèrent, nous pouvons faire la différence. Ces institutions ont maintenant une plus grande conscience de la question des abus. De meilleurs protocoles et des standards de protection plus élevés sont en place. Les enfants en ces lieux sont plus en sécurité que jamais. Parfois, même si nous devons admettre que ce n’est pas dans tous les cas, nos pratiques peuvent être un exemple pour les autres.
  • Formation : nous intégrerons la protection des mineurs et des adultes vulnérables dans nos programmes de formation, en faisant en sorte que dans chaque phase, on donne éducation et instruction adéquates pour les formateurs et ceux en formation. Il faut relever le défi des préjugés culturels. Comme nous venons de le dire, il doit être clair que, dans n’importe quelle culture et dans n’importe quel contexte, l’abus des enfants n’est jamais permis et qu’il est intolérable.
  • Spiritualité : nous demanderons à nos Centres de Spiritualité de développer des programmes spéciaux pour accompagner chaque personne victime d’abus, qui désire trouver de l’aide dans la remise en question de sa foi et du sens de sa vie. Trouver Jésus de manière personnelle est quelque chose qui peut nous guérir tous. Mais nous comprenons aussi que celles et ceux qui ont été abusés par des prêtres ou religieux pourraient désirer rester loin de l’Eglise et de ceux qui représentent l’Eglise. Nous savons qu’il y a des survivants qui veulent entreprendre ce parcours de guérison et nous chercherons humblement à cheminer avec eux. Une spiritualité qui met en relief la croissance et la guérison personnelle est pour beaucoup de survivants un don et une grâce spéciale. Les moyens traditionnels de parler du péché requièrent une attention particulière. Celles et ceux qui ont été abusés vivent souvent un sentiment de culpabilité, de honte et aussi de péché, tandis que, en réalité, c’est contre eux qu’on a péché.

Ce qu’on vient de dire et d’autres pas, sont des modalités où notre action de religieux peut aider les efforts de l’Eglise.

Conversion

Le Pape François attaque à bon droit la culture du cléricalisme qui a empêché notre lutte contre les abus et qui, en effet, fait partie des causes originelles. De plus, le fort sens de famille dans nos Ordres et nos Congrégations – qui est positif, en général – peut rendre difficile de condamner et dénoncer les abus. Il en résulte une loyauté mal placée, des erreurs de jugement, une lenteur dans l’action, un déni et, parfois, une dissimulation.

Nous avons encore besoin de conversion et nous voulons changer. Nous voulons agir avec humilité. Nous voulons voir nos aveuglements. Nous voulons nommer tous les abus de pouvoir. Nous nous engageons à entreprendre un parcours avec celles et ceux que nous servons, en avançant avec transparence et confiance, honnêteté et sincère repentir.

Ressources

Les ressources sont toujours un problème. Un regard sur les sociétés qui ont mis en actes des pratiques de protections des mineurs montre que même les services sanitaires du gouvernement se battent pour fournir des ressources appropriées.

C’est un domaine sur lequel nous devons collaborer afin que les ressources soient utilisées de manière efficace et effective. L’UISG et l’USG chercheront à faire en sorte que les Congrégations travaillent ensemble de manière à accompagner le plus efficacement possible les survivants sur leur chemin de guérison. La formation permanente et la formation initiale peuvent peut-être, s’avérer le meilleur lieu où nous pouvons travailler ensemble. Le processus de sélection des candidats qui rejoignent la vie religieuse est aussi un lieu où nous pouvons collaborer en identifiant les meilleures pratiques. Ce processus de sélection devrait être obligatoire et de la plus grande qualité.

Un appel pour l’engagement des parents et des femmes

Nous demandons l’aide des parents dans notre combat contre les abus. Ils ont un instinct naturel pour la protection des enfants qui est indispensable. Leur conseil, leur soutien, leur compétence et leur défi dans nos confrontations seront particulièrement bienvenus. En particulier, nous soulignons le rôle des mères. Il est juste de dire que si des femmes avaient été consultées et si on leur avait demandé leur assistance dans l’évaluation des cas, une action plus forte, plus rapide et plus efficace aurait été entreprise. Notre manière de traiter les accusations aurait été très différente et bien des souffrances auraient pu être évitées pour les victimes et leurs familles.

Un message pour les survivants

En finale, et c’est la chose la plus importante, nous voulons envoyer un message directement aux survivants et leurs familles : nous reconnaissons qu’il y a eu une tentative inadéquate d’affronter cette question et une honteuse incapacité à comprendre votre souffrance. Nous vous présentons nos sincères excuses et notre douleur. Nous vous demandons de croire à notre bonne volonté et à notre sincérité. Nous vous invitons à travailler avec nous pour créer de nouvelles structures qui garantissent que les risques soient minimums.

 

La rencontre sera centrée sur la Protection des mineurs. Toutefois, la récente attention des media s’est centrée sur les abus et l’exploitation des soeurs, des séminaristes et des candidats dans les maisons de formation. C’est un lieu de préoccupations graves et choquantes. Nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour trouver une réponse effective. Nous voulons que celles et ceux qui, avec générosité, demandent à rejoindre des Ordres religieux ou qui sont formés dans des séminaires, vivent dans des lieux sûrs où leur vocation est nourrie et où leur désir d’aimer Dieu et les autres trouve de l’aide pour grandir en maturité.

Au début de la rencontre sur la Protection des mineurs, nous demandons pardon à toutes et tous pour nos fautes et nous redisons que nous sommes au côté du Saint Père. Nous nous engageons à travailler avec lui afin que l’Église puisse aller de l’avant d’une manière cohérente, crédible et unifiée, d’une manière susceptible de vraiment guérir, de vraiment se renouveler, avec de nouveaux yeux pour voir et de nouvelles oreilles pour entendre.

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Source : site Internet de l’UISG